Dix techniques pour devenir le meilleur des orateurs
Captiver l’attention d’un auditoire est un art qui se travaille. La preuve par dix.
Qui ne rêve pas d’être perçu comme un champion du discours ? La capacité à affirmer son ethos reste un levier de motivation majeur pour nombre d’entre nous. L’ethos ? Anthony Glinoer, de l’université de Sherbrooke, et Denis Saint-Amand, du Fonds de la recherche scientifique-FNRS de l’université de Liège, en donnent cette explication : le terme, issu de la rhétorique grecque, est directement lié au domaine de l’argumentation, et désigne en premier lieu l’image de soi, plus ou moins consciente et plus ou moins maîtrisée, que l’énonciateur construit dans son discours. Il s’agit d’un concept clé des sciences du langage – et, en particulier, de l’analyse du discours –, dont la mobilisation au sein des études littéraires est relativement récente. Dans la Rhétorique d’Aristote, l’ethos appartient, avec le logos (les arguments jugés valides) et le pathos (les manières de toucher les sentiments du récepteur), à la triade des moyens employés par l’orateur pour convaincre son auditoire.
Alors, que font les meilleurs orateurs pour embarquer les foules ?
1/ Préparez votre support
Le célèbre conférencier américain Brian Tracy a testé plusieurs techniques en mesurant à chaud et à froid les acquis de son public en utilisant différents supports. Il a réalisé quatre types de conférences, pourtant identiques à l’oral :
– parfois avec un support PowerPoint rempli de texte ;
– parfois avec un support PowerPoint rempli de photos et de vidéos ;
– parfois sans aucun support ;
– parfois avec un tableau paper board.
Les résultats sont très favorables à la technique du paper board. En clair, oubliez les présentations PowerPoint et les écrits ! Revenez aux basiques de la présentation pour augmenter la mémorisation de vos propos par votre auditoire.
2/ Verrouillez vos émotions
La partie la plus difficile est sans conteste le début de la prise de parole. Une technique magique pour mettre ses émotions au point mort durant quelques secondes est de faire une table de multiplication dans votre tête. Votre cerveau émotionnel ne pourra se mettre en action tout en faisant une table de multiplication. Si vous êtes capable d’enchaîner la table de multiplication, puis de penser à un moment ou à une personne que vous appréciez particulièrement, vous serez dans un état émotionnel plaisant juste avant de parler.
3/ Apprenez par cœur les 5 premières phrases
Dan Carter, double champion du monde de rugby avec les All Blacks et capitaine redouté, n’a jamais arrêté de noter à l’avance sur papier ses stratégies de jeu. Il estime devoir connaître par cœur ses séquences pour être ensuite plus fluide dans l’action. La prise de parole nécessite le même investissement : écrire et répéter ses cinq premières lignes pour bien commencer. A défaut, vous risquez le « mal de mer » de l’orateur qui débute mal et se sent de moins en moins bien. Il est très rare de voir un orateur louper son début d’intervention puis remonter la pente par son talent.
4. Faites preuve d’humilité
On attire davantage la sympathie quand on montre une estime de soi normale lors de sa prise de parole. Inutile de surjouer votre expertise : elle ne doit pas se raconter, mais se faire sentir. L’entraîneur de football de Ligue 1 David Guion commence ses interventions en expliquant à la salle qu’il a derrière lui une carrière de quinze ans de joueur professionnel et qu’il était un élément moyen. Cela ne l’empêche pas d’expliquer par la suite qu’il a monté tous les échelons de l’entraînement pour amener l’équipe de Reims en Coupe d’Europe, après des dizaines d’années de disette. L’expertise non affirmée et l’humilité sont clairement des qualités reconnues chez de nombreux orateurs.
5. Surprenez grâce à l’humour
On se pose souvent la question de l’équilibre entre le rire et le sérieux. On craint même de se décrédibiliser en opposant sourire et sérieux, par peur de faire montre d’amateurisme. Il n’en est rien. Vous pouvez raconter une histoire personnelle sur votre sujet du jour. Mais en présentant un échec, et non un succès : faire rire à vos dépends et montrer vos erreurs, voire votre incompétence à un moment de votre vie, donne envie de vous écouter et vous rend encore plus sympathique. Lors d’une conférence de votre serviteur sur la motivation, la séquence qui plaît le plus est l’histoire d’un échec majeur dans une négociation personnelle. Sourires garantis dans la salle et prise de conscience immédiate de ce qu’il ne faut pas faire.
6. Enchaînez sur le «pourquoi» et le QIPM
Le conférencier américain Simon Sinek l’explique dans sa fameuse vidéo sur les leaders : il faut toujours proposer rapidement un pourquoi à son message. Le pourquoi vous oblige à trouver le sens de votre propos. Le QIPM ? c’est le « Quel intérêt pour moi ». Pourquoi ai-je intérêt à vous écouter ? En clair, évidemment, parce que ce que vous allez dire a du sens pour la société ou l’entreprise, voire les clients… Mais ce qui est important, c’est le QIPM de celui qui vous écoute.
7. Posez des questions et engagez le public
Le rêve de tout orateur, c’est d’interagir avec la salle. On peut bien entendu utiliser les outils digitaux pour organiser voter en direct. Pour autant, la technique la plus engageante, c’est le vote à main levée. Si vous demandez à la salle : « Pensez-vous qu’une intervention de 30 minutes est trop longue ou trop courte ? Levez la main ! », cela obligera chacun à s’engager devant tout le monde. C’est beaucoup plus inspirant que de voter via un boîtier électronique anonyme.
8. Comptez jusqu’à 7 toutes les 15 minutes
Le niveau de concentration baisse au bout de 12 minutes quand l’intervention est bonne… La respiration vous permet de vous relâcher, de vous reposer et de retrouver votre concentration. Idem pour le public. C’est même une très bonne technique à partager avec votre auditoire : «Voilà déjà 15 minutes que je parle, je vous propose une séquence de relaxation : comptons tous dans notre tête jusqu’à 7 » et, si vous osez, fermez les yeux. Votre auditoire en fera de même avec grand plaisir.
9. Travaillez votre posture
Au niveau postural, il y a trois choses à faire – pas une de plus. La première est de se concentrer sur ses mains : elles doivent être devant vous ET bouger en permanence pour confirmer, appuyer, amplifier votre discours. Deuxième chose : faire la mitraillette avec vos yeux, c’est-à-dire que votre tête doit clairement montrer que vos yeux regardent à droite, puis à gauche, à droite puis à gauche, à droite puis à gauche. Enfin, et c’est sans conteste ce qui demande le plus d’entraînement, changez de place le plus souvent possible : un discours prononcé figé derrière un pupitre, comme le ferait un politique, n’embarque que très rarement les foules.
10. Terminez en beauté
La dernière image que vous donnerez est celle qui va rester. Revenir sur la promesse initiale de votre intervention, le «Pourquoi» et le «QIPM», est nécessaire mais pas suffisant. Vous devez conclure par une phrase choc, une séquence qui pousse l’action, une métaphore. Et finissez par un «Merci pour votre écoute», avec le sourire.
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